Dans la prison de Goma, les conditions carcérales sont inhumaines. Construite pour une capacité de 380 détenus au maximum, la prison abrite actuellement plus de 3.800 prisonniers, dont 81% sont en détention préventive. Pour le désengorgement de cette prison, la Monusco a lancé ce jeudi 25 mai un projet pour la révision d’environ 2000 dossiers de prisonniers préventifs.
Afin d’améliorer ces conditions de détention inhumaines, la Monusco a lancé un projet cette semaine qui procédera à une révision générale des dossiers d’au moins 2000 personnes incarcérées dans la prison centrale de Goma ainsi que dans les prisons du territoire de Nyiragongo. Cette révision conduira à la libération immédiate de certains prisonniers incarcérés illégalement. Avec une enveloppe financière de 25 000 USD, le projet vise à mettre fin aux mauvaises pratiques qui paralysent le système pénal, entraînant des conditions de détention inacceptables.
Dans son allocution lors du lancement du projet dénommé « Appui à la chaîne pénale pour la réduction des détentions illégales et le désengorgement de la prison centrale de Goma », la cheffe de bureau de la Monusco Goma, Laila Bourhil, a attiré l’attention des participants sur la situation plus qu’alarmante que représente la prison centrale de Goma en précisant que la précarité dans laquelle se trouve la population carcérale est intenable, voire inhumaine.
Laila Bourhil a insisté auprès des hauts magistrats et des acteurs judiciaires afin d’obtenir des résultats concrets, notamment à l’endroit des détenus en détention préventive et plus particulièrement les femmes et les mineurs.
De son côté, le président de la Cour d’appel du Nord-Kivu a mis l’accent sur la nécessité d’obtenir des résultats probants à l’issue des inspections judiciaires de la prison et des audiences foraines car, a-t-il noté : « Nous, magistrats, sommes responsables en grande partie de la calamité dans laquelle se trouve la prison de Goma ; nous devons tout faire pour y mettre fin. »
Au total, 45 acteurs judicaires et pénitentiaires dont quatre femmes, tous membres des parquets et juridictions civils et militaires, de la prison centrale de Goma, de la Monusco et du CICR ont pris part à cette activité. A l’issue de cette cérémonie, les participants ont été conviés à visiter la prison pour se rendre compte des conditions de détention des détenus.
Dès la fin de la cérémonie de lancement, la première activité principale que constituent les inspections judiciaires conduites tant par les parquets civils et militaires a immédiatement commencé. Elles ont été menées par dix équipes constituées de dix magistrats des parquets civils et militaires, assistés d’agents de l’ordre judiciaire et pénitentiaire.
Au terme de ces inspections, les personnes arrêtées sans motif valable seront relaxées alors que d’autres seront transférées devant les juridictions compétentes (civiles et militaires) pour être jugées et fixées sur leur sort au cours des audiences foraines qui seront organisées à la prison centrale de Goma du 5 juin au 6 juillet 2023.
Par ailleurs, un atelier organisé le 1er juin 2023 sera une occasion pour les hauts magistrats tant des parquets civils que militaires ayant participé à l’inspection judiciaire de la prison de Goma d’animer une journée de renforcement des capacités à l’endroit de leurs collaborateurs et acteurs judiciaires et pénitentiaires (notamment les OPJ, magistrats, greffiers, secrétaires de parquet et personnel pénitentiaire) quant aux défaillances et insuffisances qu’ils ont identifiées au cours de l’inspection.